Une proposition inespérée…

Même si l’apparence extérieure de mon père dénotait cruellement avec l’environnement dans lequel nous étions, il ne songea jamais à changer de style vestimentaire ou de personnalité afin de se « fondre dans la masse ». Le fait d’être le seul juif ‘Hassidique de la communauté ne l’a jamais dérangé.

Une proposition inespérée…

Mon père a toujours été une exception dans le paysage communautaire.

Nous appartenons à une petite communauté juive d’Amérique du Sud. Une communauté entièrement composée de juifs anglais plutôt froids et distants, tandis que mon père est un authentique juif hassidique ne se séparant jamais de son Shtreimel et arborant fièrement une longue barbe et de larges Péot.

Mes parents se sont installés en Amérique du Sud suite à l’accident cérébral que mon grand-père a subi et à cause duquel il lui était incapable de gérer seul son quotidien. En tant que fille aînée, ma mère a pensé que c’était son devoir de l’aider. Nous avons donc emménagé chez lui. A l’origine, cela devait être transitoire. Mes parents rêvaient de retourner vivre en Israël. Mais malgré son handicap, mon grand-père vécut de longues années, ce qui prolongea notre séjour. Par ailleurs, mon père investit dans quelques projets immobiliers qui s’avèrèrent très rentables et qui firent de lui, un homme riche. Aussi, même après la disparition de mon grand-père, mes parents restèrent en Amérique du Sud.

Même si l’apparence extérieure de mon père dénotait cruellement avec l’environnement dans lequel nous étions, il ne songea jamais à changer de style vestimentaire ou de personnalité afin de se « fondre dans la masse ». Le fait d’être le seul juif ‘Hassidique de la communauté ne l’a jamais dérangé.

Tout allait donc pour le mieux jusqu’à ce que je sois en âge de me marier.

Nous étions confrontés à un problème de taille. J’étais très attachée à ma mère et à ma famille et il m’était impossible d’accepter l’idée d’aller vivre à plusieurs milliers de kilomètres de chez eux. Mon père quant à lui, était très attaché à sa lignée ‘hassidique et souhaitait à tout prix que j’épouse un ‘Hassid « authentique » d’Israël, ce qui impliquait bien évidemment que je m’installe dans ce pays qui m’était inconnu.

Pour commencer, cette divergence d’opinion souleva quelques discussions empreintes de tolérance, de respect et de bienveillance. Mais au fil du temps, ces échanges se transformèrent en conflits et disputes.

Mon père est quelqu’un de très connu dans la communauté. En dépit de son apparence peu commune, il avait réussi à établir une relation chaleureuse avec les membres de la communauté. De mon côté, j’avais également bonne réputation. Par conséquent, j’eus rapidement de nombreuses propositions de mariage. Mais loin d’apaiser les tensions, cette profusion de Chidoukhim ne fit qu’exacerber les conflits. Chaque proposition que ma mère trouvait intéressante était systématiquement repoussée par mon père. Et chaque proposition qui plaisait à mon père était jugée ridicule et inappropriée par ma mère. Nous étions dans une impasse.

Un vendredi soir, mon père rentra à la maison accompagné d’un jeune Avrekh venant d’Israël. Mon père apprécie tout particulièrement ce genre d’invités car à travers eux, il hume à nouveau le parfum de son pays d’enfance.

Comme à son habitude, mon père passa de longues heures à discuter avec notre invité. Il s’avéra qu’il étudiait dans un Kollel peu conventionnel : le Kollel ‘Hatsot, situé près du tombeau de Ra’hel Iménou. L’Avrekh raconta les nombreux miracles et délivrances – particulièrement dans le domaine des Zivouguim – qui lui sont régulièrement rapportés suite à l’étude de la Torah et aux prières récitées sur le tombeau de Ra’hel Iménou.

Mes parents échangèrent un regard complice. Après la sortie de Chabbat, ils firent immédiatement un don en faveur du Kollel Ra’hel Iménou. Mon nom serait désormais mentionné pas tous les Avrekhim lors du moment propice de ‘Hatsot.

La suite de cette histoire est tout simplement incroyable.

Cette même semaine, je reçus une proposition extraordinaire : il s’agissait d’un jeune homme provenant d’une lignée de ‘Hassidim authentique, venu s’installer il y a peu avec sa famille, en Amérique du Sud, dans une ville relativement proche de la nôtre.

Nul besoin de préciser que cette proposition parvint à contenter les deux parties. Mon père et ma mère étaient ravis, tout comme moi. Il me serait ainsi possible de fonder un foyer ‘hassidique, sans avoir besoin de m’éloigner de mes parents.

Ce jeune homme était une véritable perle rare. Deux semaines à peine après notre première rencontre, nous étions fiancés. Nul doute que cet heureux dénouement est dû aux prières récitées sur le tombeau de Ra’hel Iménou.