Ra’hel Iménou et le gang de braqueurs

Contrairement aux idées reçues, le commerce de bijoux n’est pas une “mine d’or”. La prise de risque permanente, les investissements onéreux, l’évolution de la mode et des tendances rendent cette activité bien plus complexe qu’on ne l’imagine.

Ra’hel Iménou et le gang de braqueurs

Contrairement aux idées reçues, le commerce de bijoux n’est pas une “mine d’or”. La prise de risque permanente, les investissements onéreux, l’évolution de la mode et des tendances rendent cette activité bien plus complexe qu’on ne l’imagine. A cela s’ajoute encore la crainte constante des cambrioleurs qui implique également de lourds investissements en matière de protection et d’assurance.

Mais je n’ai pas à me plaindre. Grâce à D., la bijouterie nous permet de vivre aisément et nous nous réjouissons de tout ce dont Hachem nous a gratifiés. Nous savons que tout est entre Ses mains. L’histoire suivante prouve que peu importe les efforts que nous fournissons et les moyens que nous employons, “si D. ne garde pas une ville, c’est en vain que la sentinelle veille avec soin.” (Psaume 127; 1)

C’était un banal matin d’automne. Ma femme pénétra dans la bijouterie située en contrebas de la maison. Tout semblait normal jusqu’au moment où elle ouvrit le coffre-fort.

Il était complètement vide…

Je n’ai jamais compris comment les cambrioleurs ont réussi ce tour de force. Ce qui est certain, c’est qu’il ne s’agissait pas d’amateurs. L’un d’entre eux était membre d’un gang de renommée internationale, responsable de nombreux braquages. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont été d’une efficacité redoutable : ils ont réussi à vider le coffre-fort sans laisser de traces, et en prenant soin de désactiver au préalable toutes les alarmes et caméras de surveillance. Les enquêteurs dépêchés par la police ont également été stupéfaits par le professionnalisme de ces malfaiteurs. Et le fait qu’un gang d’un tel niveau d’expertise opère sur le terrain les inquiétait un peu.

Non seulement les cambrioleurs n’avaient laissé aucune trace derrière eux, mais en plus, ma boutique était située dans un quartier résidentiel dépourvu de caméras de surveillance. Ces deux éléments rendaient le travail des enquêteurs très difficile.

Mon monde venait de s’écrouler. De famille aisée et prospère, nous nous sommes retrouvés, du jour au lendemain, endettés à hauteur de plusieurs millions de Shekels. Je n’avais même plus de quoi acheter du pain et du lait pour mes enfants.

Lorsqu’elle apprit ce qu’il venait de se passer et l’épreuve que je traversais, ma mère me suggéra immédiatement de faire un don en faveur du Kollel de Tehilim des institutions Kever Ra’hel.

« Maman, répliquai-je, je ne sais même pas si je vais pouvoir acheter de la nourriture et tu voudrais que je fasse un don ? »

« Dans ce cas, répondit-elle, je ferai moi-même un don pour toi. »

Je ne savais pas comment m’en sortir et je suppliai Hachem de me venir en aide. En sortant de chez moi pour aller faire Arvit, je remarquai une voiture de luxe garée sur le trottoir. Le conducteur klaxonna et alluma ses phares pour attirer mon attention. En m’approchant du véhicule, je constatai avec surprise que l’heureux conducteur n’était autre que mon voisin, Moché.

« Qu’est-ce que tu fais au volant de cette voiture de luxe ? », lui demandai-je stupéfait. Je savais que Moché gagnait modestement sa vie et qu’il lui était impossible d’acheter un tel véhicule. « Est-ce que tu as gagné au loto ? »

« Non, répondit-il amusé. C’est la voiture de mon patron. Il est parti quelques jours à l’étranger et me l’a prêté pendant son absence. J’allais justement la lui rendre. Allez, ajouta-t-il avec un léger mouvement de la tête, monte. Viens voir de près ce petit bijou. »

Je m’installai donc côté passager. Moché ne tarissait pas d’éloges sur la tenue de route et les options inédites de cette merveille technologique. Mais je l’écoutai à peine. Mon esprit était préoccupé par une montagne de soucis et tentait désespérément de trouver une solution. Bien entendu, je fis de mon mieux pour avoir l’air attentif. Je ne voulais pas gâcher son enthousiasme. Tout à coup, je l’entendis s’exclamer :

« Regarde un peu ça ! Il y a des caméras périphériques qui enregistrent en permanence tout l’environnement à 360 degrés du véhicule. Et ce qui est encore plus incroyable, c’est que même lorsque le moteur est éteint, ces caméras continuent à filmer et conservent en mémoire l’enregistrement pendant un mois ! »

Ces quelques mots eurent l’effet d’une bombe sur moi.

« Dis moi, depuis quand utilises-tu cette voiture ? » demandai-je nerveusement.

« Une semaine environ. Pourquoi, que s’est-il passé ? » me demanda Moché surpris par ce soudain regain d’intérêt.

« Et où était garée ta voiture hier ? », lui demandai-je fébrilement.

« Ici même, il me semble » répondit-il sans comprendre où je voulais en venir.

« Est-ce que tu sais comment visionner les enregistrements des caméras ? »

« Oui, bien sûr », répondit Moché avec une pointe d’orgueil. Il fit donc défiler sur l’écran qui se trouvait dans la voiture, le film enregistré par la caméra la veille au soir, c’est-à-dire, la nuit du cambriolage. Nous regardions cette précieuse vidéo avec attention lorsque trois silhouettes apparurent sur l’écran. Elles se dirigèrent vers la porte de mon domicile.

Nous avons passé et repassé la vidéo à plusieurs reprises et avons finalement compris que les cambrioleurs avaient garé leur véhicule devant cette voiture de luxe, loin de se douter qu’elle était dotée de caméras sophistiquées. Nous avons donc pu relever leur plaque d’immatriculation et obtenir une image relativement nette de leurs visages.

J’ai immédiatement livré ces enregistrements à la police. Les enquêteurs étaient plus que ravis de disposer d’informations si précises et si qualitatives. Grâce à cela, le gang qu’ils recherchaient depuis longtemps fut arrêté et tout ce qu’ils m’avaient dérobé me fut rendu.

Lors de la Séoudat Hodaya (repas de remerciement) que j’organisai, Moché me dit : « Tu sais, mon patron était censé rentrer un jour avant le cambriolage. Mais il a raté son vol et a été contraint de voyager le lendemain. S’il était arrivé à l’heure à l’aéroport, et que je lui avais rendu la voiture la veille, ces voleurs n’auraient jamais été démasqués et tu n’aurais très certainement jamais récupéré ton magot. »

« Certes, dit soudain ma mère qui avait suivi la conversation, mais moi, je sais qui a retardé votre patron… C’est Ra’hel Iménou ! »

Partagez sur :
Facebook
WhatsApp
Email